Les forçats de l'Ijen...
Fraichement rentrés du Bromo, nous prenons la longue route qui doit nous emmener sur les pentes de l'Ijen, vers lesquelles nous nous élancerons le lendemain a la pointe du jour.
Le cratère du volcan Ijen est un lac souffré d'un bleu émeraude
Pour la petite anecdote, l'Ijen a vu sa cote touristique se démultiplier depuis que Nicolas Hulot est venu y faire un reportage pour Ushuaïa, il y a quelques années. Quelle est la particularité de cet endroit ? Il s'agit du cratère d'un volcan, à l'intérieur duquel des hommes descendent deux fois par jour, pour y extraire, dans une fumée qui leur ronge les poumons, de gros morceaux de souffre. Ce précieux minerai, ils l'acheminent dans des paniers qu'ils portent sur leurs épaules percées d'apcès, pieds nus, en claquettes ou en bottes en caoutchouc, vers la station de rafinage située 3 kilomètres en contrebas.
Porteur revenant du fond de l'Ijen dans les vapeurs de souffre
Nous débutons la montée vers l'Ijen très tôt en matinée. Le jour est à peine levé. Certains porteurs ont déjà effectué ne descente et nous les croisons sur le chemin. Pas de suite. D'abord, nous percevons les grincements saccadés de l'osier qui craque sous le poids de la charge et sur les rythmes de la foulée. Puis, s'extirpant de la brume, ces visages grimaçant de douleur et de fatigue s'offrent à nous. Nous compatissons, obligatoirement tant cet effort nous paraît inhumain à Patou et à moi... Nous ne pouvons leur offrir que des biscuits et de l'eau. Nous leur achèterons également ces petites statuettes à l'effigie de tortues, avion, etc qu'ils sculptent dans le souffre. Les aider à porter la charge ? Peut être pour les faire rire, pourquoi pas... Trop lourd...
Les porteurs de souffre sont des dragueurs... mais je surveille !
Maigre récompense pour ces hommes forçant le respect que nos biscuits a la noi de coco, liquidés en 10 minutes
Charge inhumaine... même pour moi, c'est vous dire !!
Dans la descente, les hommes s'arrêtent à la pesée et récupèrent leur bon qui leur permettra d'etre payés...au kilo
Contrairement à d'autres touristes, nous n'avons pas voulu descendre dans le cratère Primo, le chemin est étroit et les cailloux glissent, et ne nous voulions pas gêné la remontée suffisamment pénible des porteurs. Deuxio, la fumée souffrée s'échappant du cratère est si irritante que même enturbané dans nos polaires, et suffisamment éloignés, elle nous piquait la gorge, alors aller plus près aurait été une folie...
Cette excursion de l'Ijen restera dans nos mémoires. A tous ces travailleurs de l'impossible, respect. Nous filons cet après-midi vers l'ile de Bali. Changement de décor. Bye Bye Java...